Visite & conférence - juin 2016
Sur le site de l'ancienne usine AZF, un cylindre de 397 mâts en forme de cratère, sonores le jour et lumineux la nuit, rend désormais hommage aux victimes.
Quatre artistes plasticiens ont créé le mémorial AZF : le Toulousain Gilles Conan et les Belges du Laboratoire d'urbanisme et d'architecture, qui ont en commun de concevoir des œuvres lumineuses. L'équipe a remporté le concours lancé par la mairie doté de 180 000€. Interview de Jérôme Decock, un des créateurs.
L'idée était de concevoir un monument ou une œuvre d'artiste ?
Il y a deux types de mémorial : le premier est un monolithe, souvent en pierre, le second, issu du travail d'architectes et d'artistes, est lié à l'idée d'espace. Ici, il s'agissait de créer un espace de recueillement avec une ambiance sonore le jour et lumineuse la nuit et de lui donner la forme d'un champ de mâts qui délimite un espace pénétrable. Quelle forme prend l'œuvre ?
C'est un cylindre de 14 mètres de diamètre et de 4 mètres de haut. Les 397 mâts métalliques sont répartis selon une grille régulière. Leur hauteur est découpée selon une forme qui rappelle un cratère. Autrement dit, le mât central mesure 50 cm et ceux de l'extérieur 4 mètres. Une forme qui s'ouvre quand on progresse à l'intérieur. Au centre, on est au milieu d'un amphithéâtre de sons et de lumières.
Quel est le jeu de lumières ?
Chaque tube diffuse une lumière blanche ou rouge vers le haut. Ces lumières varient en intensité et leur répartition est aléatoire.
Et le dispositif sonore ?
Il y a un haut-parleur dans chaque mât qui le met en résonance. Comme des tubes d'orgue. Chaque tube peut projeter une note différente. Nous voulions spatialiser le son et donner une impression de mouvement. L'œuvre évolue quand on entre dedans. C'est une expérience…
Le nom des victimes est gravé sur les mâts…
Il y a 33 mâts gravés : 31 avec un nom ; l'un avec l'inscription «aux victimes connues et inconnues» et l'autre «mémorial AZF».
Quelle est la symbolique ?
Il ne s'agissait pas d'éclipser l'événement mais de rester factuel. D'où le cratère, l'idée d'explosion, de multiplicité (les 31 victimes et toutes les autres)… Le côté minimaliste se prête à de nombreuses interprétations.